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Le blog de Mme Maitreheu !
20 février 2009

Bonjour tristesse !

"En 1953, j'écrivis Bonjour tristesse, qui parut en 1954 et fit scandale. Scandale auquel je ne compris d'abord rien et auquel aujourd'hui je ne peux donner que deux raisons absurdes : on ne tolérait pas qu'une jeune fille de 18 ans fit l'amour sans être amoureuse avec un garçon de son âge et ne fut pas punie. l'inacceptable étant qu'elle ne fut pas éperdument amoureuse et qu'elle ne tomba pas enceinte à la fin de l'été."

Pour les troisième qui doivent lire le roman de Françoise Sagan pendant les vacances, voici un lien vers la bande annonce du film de D. Kurys sur la vie de la romancière.

http://www.curiosphere.tv/video-documentaire/30-art-et-culture/106344-reportage-sagan-de-diane-kurys-bande-annonce

sagan

En 1954, une jeune inconnue publiait Bonjour tristesse, premier roman qui fit scandale et lança la carrière de Françoise Sagan. Elle nous a quittés, le 24 septembre 2004, à l’âge de soixante-neuf ans. Hommage.

Elle conduisait sa Jaguar pieds nus et flambait dans les boîtes de Saint-Tropez, le village chic de la Côte d’Azur, dans le midi de la France. Elle provoqua souvent sa propre vie en duel en abusant de tous les plaisirs qui l’abrègent. Et elle était drôle. Et elle était légère. Et elle aimait la vie rapide, élégante, généreuse. Sorte de Marianne impossible de la république des lettres, connue à l’étranger où elle intriguait autant qu’elle fascinait, cette romancière de talent était adorée des Français.Françoise Sagan est née Françoise Quoirez en 1935, dans le Lot (sud-ouest de la France). Elle a une dizaine d’années quand sa famille (son père est industriel) emménage à Paris. En trente-deux jours, et avec deux doigts seulement, elle tape sur une vieille machine à écrire le manuscrit de son premier roman, Bonjour tristesse, et l’envoie en janvier 1954 à l’éditeur René Julliard, qui flaire le coup de maître. Son pseudonyme ? Elle l’a trouvé chez Proust. Le grand écrivain catholique François Mauriac salue en elle, à la une du Figaro de l’époque, un " charmant petit monstre ". La formule fait le tour de Paris, le livre aussi. Avec cette histoire de chassé-croisé amoureux où une jeune fille voit, d’un regard critique, son père veuf s’entourer de femmes plus jeunes que lui, Françoise est lancée et Sagan est née.

   Esprit de liberté 

Car, ce qui plaît, c’est sa jeunesse, sa liberté, son style souple et léger qui est sa marque de fabrique, et qu’on retrouve dans la trentaine de livres - traduits et vendus dans le monde entier - qu’elle a écrits, parmi lesquels Un certain sourire ; 1956, Aimez-vous Brahms ?, 1959, Des bleus à l’âme, 1972 : des histoires d’amours éphémères et d’amoureux blessés, qui ont inspiré plusieurs adaptations au cinéma. Sans oublier les pièces de théâtre, les scénarios, les chansons, les essais et les livres de souvenirs (Derrière l’épaule,1998). Car, des souvenirs, elle en avait : souvenirs de cuites et d’accidents de voiture, de voyages et d’amitiés, de grands hommes rencontrés (elle fut l’amie de l’ancien président de la République François Mitterrand, du cinéaste américain Orson Welles, de la chanteuse française Juliette Gréco et de l’un de nos plus grands intellectuels, le philosophe Jean-Paul Sartre). Souvenirs aussi de fêtes fabuleuses, de cadeaux faits sans compter, de nuits entières passées à jouer à la roulette. Vie brillante qui s’achève aujourd’hui dans la tristesse et la solitude : on savait Françoise Sagan malade, criblée de dettes et entretenue par la seule fidélité de son dernier carré d’amis.

Que reste-t-il de Sagan aujourd’hui ? Des livres, bien sûr, mais surtout un visage qui a fait le tour du monde. Car Sagan a incarné, en France, l’esprit libre de l’après-guerre. Femme moderne, sûre de son intelligence, fière de son indépendance, elle a ouvert la voie aux écrivaines qui, de Anne Wiazemsky (la petite-fille de François Mauriac) à une jeune romancière actuelle, Camille Laurens, se réclament d’elle moins comme l’auteur qu’on respecte que comme la grande sœur qu’on chérit.

Par Didier Jacob, journaliste à l’hebdomadaire Le Nouvel Observateur

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